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Interview RAIJIN COMICS INTERVIEW PART 1

 

Date(s): 01/12/2003

Site Web: http://www.raijincomics.com/

Source du rapport: Raijin Comics (Issue 39)

 

Présentation

 

  Raijin Comics est le magazine mensuel de manga américain qui sous l'égide de Coamix, publie City Hunter en anglais. Dans leur rubrique spéciale 'The Life of a manga Artist' du numéro 39 (Déc 2003), RC nous offre un entretien exclusif avec Tsukasa Hôjô, au cours duquel on en apprend beaucoup sur son enfance et sa vie avant sa gloire. Notamment, Hôjô n'est pas issu d'une famille aisée, il a un frère et il a dû travailler dur pour payer ses études, encouragé par son père qui était malade d'un cancer qui l'acheva quand Tsukasa était en 1ère année d'université. Bizarrement, l'interviewer essaie de trouver dans l'enfance des indices évidents que Hôjô était destiné très tôt à une carrière dans le manga et c'est assez drôle de voir qu'à chaque fois, il n'en est rien. Hôjô n'y pensait pas, même après avoir gagné le prix Tezuka. Il dessinait pour le plaisir et non avec des objectifs professionnels. Il semble être le genre de personne qui se laisse porter par le flot des choses, sans but précis. Il est intéressant de voir comme il ressemble à Ryô dans le sens qu'il ne fait pas vraiment de plan d'avenir. En tout cas, j'ai traduit cette première partie pour vous et en exclusivité sur AC, apprenez-en plus sur le maître.

 

  PS: Merci à mon doudou pour m'avoir offert ce numéro spécial avec l'interview ^_^.

 

Photos

Source: NJ (scans)

 

 

 

THE LIFE OF A MANGA ARTIST: TSUKASA HÔJÔ (PART I)

 

de Raijin Comics

traduit par NJ

 

 

Tsukasa Hôjô, l'auteur des manga à succès Cat's Eye, City Hunter et Family Compo, énormément populaires parmi les fans, hommes et femmes, parle de ses racines avec les éditeurs de Raijin.  

 

Cette année (2003) marque la 23ème année de carrière de Tsukasa Hôjô en tant que mangaka professionnel. Il est actuellement en cours de production active, menant la série populaire Angel Heart (publiée dans le Weekly Comic Bunch) La déclaration qui caractérise Hojo Sensei est "Je suis tout le temps en train de faire une fixation sur mes dessins." Illustrant ces propos, ses œuvres sont en constante évolution vers une forme idéale. D'où vient la passion de Hojo sensei pour le dessin? Raijin Comics (RC) lui posa des questions sur son enfance pour essayer de déterminer comment cela a pu en arriver là.  

 

 

[Q: RC] RC: Avez-vous toujours eu une passion pour le dessin?

[R: Tsukasa Hojo] Oui, aussi loin que je m'en souvienne.

 

[Q: RC] A quoi ressemblaient vos dessins quand vous étiez enfant?

[R: Tsukasa Hojo] Mon frère était tout le temps en train de faire des copies de Tetsujin No. 28 (Iron man No. 28). C'était un personnage de manga très populaire à l'époque. Mais, comme j'étais si mauvais à reproduire les manga, je dessinais des originaux. Ma mère dit que quand j'étais à la maternelle, je passais mon temps devant le miroir à dessiner mes mains, bien que je ne sois pas vraiment sûr de pourquoi je ferais ça.

 

[Q: RC] Est-ce que vous êtes en train de dire que vous étiez obsédé avec le dessin et les détails avant même d'aller en primaire?

[R: Tsukasa Hojo] Non, pas vraiment. Tout ce je faisais vraiment était de dessiner des millions de Godzillas (rires). J'aimais sans nul doute dessiné, mais cela changea quand je suis rentré au CE1 (2nd grade).

 

[Q: RC] Que s'est-il passé?

[R: Tsukasa Hojo] J'avais ce prof, je pense qu'il était diplômé d'une école d'art ou quelque chose comme ça, il critiquait tout le temps mes œuvres, en disant "Ne peux-tu pas mettre de la vie dans tes dessins?" ou "Ne peux-tu pas dessiner comme un enfant normal?". J'étais né prématuré, et comme j'étais plus petit que la moyenne, les gens avaient tendance à me traiter comme un bébé. Cela m'a donné un complexe et j'ai senti que le dessin était la seule manière où je pouvais vraiment m'exprimer. Peut-être que mes dessins n'étaient pas géniaux, mais mes amis les aimaient et mes parents me demandaient toujours de dessiner plus de Godzillas. Dessiner était amusant et donnait vraiment un certain pouvoir. Mais, quand ce prof rejeta mes œuvres complètement, j'ai senti qu'il me rejetait moi totalement en tant qu'être humain. C'est là que j'en suis arrivé à détester le dessin.

 

[Q: RC] Cela a dû être traumatisant pour vous. Avez-vous arrêté de dessiner à ce moment-là?

[R: Tsukasa Hojo] Pas complètement, mais j'ai commencé à passer plus de temps à lire et à regarder des films. Quand j'étais en primaire, j'ai lu les 30 tomes de "The Complete Works of Literature for Boys and Girls", et au collège, j'étais plus dans la science-fiction. En fait, "The Voyage of the Space Beagle" de A.E. van Vogt a été le premier livre que j'ai jamais acheté. Au collège, je passais tout mon temps libre à lire. A un moment, je lisais 2 romans par semaine et je dépensais tout mon argent de poche sur les livres.

 

[Q: RC] Trouviez-vous vraiment satisfaction à lire tout le temps?

[R: Tsukasa Hojo] Maintenant que j'y pense, il n'y avait pas grand chose qui se passait dans ma vie, à l'époque. Je n'avais pas d'objectif et je n'avais pas d'activités extra-scolaires. Je ne faisais que lire, lire et lire.

 

[Q: RC] Est-ce que vous n'aviez pas du tout envie de dessiner?

[R: Tsukasa Hojo] Un des tomes de "The Complete Works of Literature for Boys and Girls" avait des dessins de Komatsuzaki Shigeru (il est mort, il y a quelques années) et ils ont eu une telle impression sur moi que je m'en souviens encore clairement aujourd'hui. Quand j'ai lu "Moby Dick" de Herman Melville, j'aimais copier les illustrations, donc je pense que je n'étais pas si dégoûté du dessin.

 

[Q: RC] Donc, même si vous étiez encore intéressé par le dessin, vous êtes resté avec le monde de la littérature. Et qu'en est-il du manga? Est-ce que vous vous y êtes intéressé, disons, au collège?

[R: Tsukasa Hojo] Je dessinais parfois des personnages comme Nyarome ou je gribouillais dans mes cahiers d'école, mais c'était tout. La première fois que j'ai vraiment eu affaire au manga fut quand un de mes camarades de classe commença à en faire un pour un concours et je l'ai aidé. Je n'avais aucune idée que Shonen Jump s'occupait du prix Tezuka, et dessiner un manga n'était pas plus que gribouiller pour moi.

 

[Q: RC] Comment étaient vos manga?

[R: Tsukasa Hojo] J'étais un tel fou de lecture (rires) que mon premier manga était basé sur l'édition intégrale de "Koe No Ami" (Un réseau de voix) de Hoshi Shinichi. Cependant, une fois que mon ami et moi avons commencé à écrire, les pages ont commencé à s'empiler avec une telle quantité qu'on a dû arrêter avant d'avoir terminé.

 

[Q: RC] Donc, votre intérêt pour les livres est ce qui vous amena au manga et pas un intérêt pour les manga.

[R: Tsukasa Hojo] Une fois au lycée, je n'ai plus beaucoup vu l'ami qui m'avait introduit au manga, mais un jour, il appela pour dire qu'il voulait créer un club de manga. On était 6, avec deux de ses amis et deux filles de l'école. On choisit un court roman et on commença à travailler sur l'histoire ensemble. On le fit sur du papier Kent professionnel et on garda les standards de manga en terme de taille de papier, de mise en page et d'encre. Même pour ce travail, le nombre de page dépassa la centaine et on dut abandonner avant que l'histoire ne soit terminée.

 

[Q: RC] Est-ce que cela serait juste de penser que cette expérience vous rendit accro du manga et vous a fait ce que vous êtes maintenant?

[R: Tsukasa Hojo] Non. Pour une certaine raison, je n'ai jamais pensé devenir un mangaka. Je me souviens de ce magazine pour élèves de CP, je ne me rappelle pas le numéro, où il y avait un article sur comment les mangaka travaillaient. Cela parlait des dates-limites contraignantes, des emplois du temps horribles à produire plusieurs pages par jour. En bref, cela ne m'a pas paru comme le genre de travail que je voudrais faire. Je ne faisais de manga que pour mon simple plaisir, plus comme une échappatoire que comme une préparation à une carrière. Je n'avais rien de mieux à faire de toute façon.

 

[Q: RC] Après le lycée, vous êtes allé à l'Université de Commerce de Kyushu à Fukuoka pour étudier l'art. Est-ce que cela était lié à un but particulier comme entrer dans le domaine de l'art ou améliorer vos techniques de dessin?

[R: Tsukasa Hojo] Je n'avais absolument aucun objectif au lycée, aucune envie d'étudier et aucune profession qui m'intéressait. Les jours ne faisaient que passer. Ensuite, quand j'étais en 1ère (junior in high school), mon père eut un cancer. Pendant les 3 ans avant que cela ne le tua, mon frère et moi, faisions tout dans la maison: la cuisine, le ménage, la lessive, … Rien ne me dirigeait vers l'université, bien que quand j'y pensais parfois, je me disais que si j'y allais, j'irais sans doute en art. Je pensais que l'école était hors de question. Quand je fus en Terminale, mon père me posa des questions à propos de l'université, et je lui ai dit que le seul endroit où je voulais aller était l'université de Commerce de Kyushu pour étudier l'art. Malgré sa mauvaise santé, mon père me dit d'y aller. Cela me rendit tellement heureux!! Je déménageai à Fukuoka et mes parents m'envoyèrent de l'argent pour l'hébergement et la nourriture. Je complétai cela avec des petits boulots – ouvrier en bâtiment, serveur dans un restaurant japonais, main d'œuvre pour des expositions. J'ai trouvé la vie à l'université excitante. Je pouvais étudier ce que je voulais et je commençai à ressentir de la satisfaction. C'était comme au primaire, sauf que je n'avais plus à détester l'art. Je réalisai que l'art était le seul moyen de réellement m'exprimer.

 

[Q: RC] Est-ce que vous êtes revenu sur la bonne voie et devenu sérieux pour le manga?

[R: Tsukasa Hojo] J'étais encore en train de travailler sur le manga que mes amis et moi avions commencé au lycée. Ensuite, je me suis engagé dans l'anime avec mes amis d'université, j'étais chargé des croquis de main. L'anime finit par être d'une durée d'une heure et il ne fut pas terminé non plus (rires). J'étais vraiment occupé, mais vraiment heureux de faire ce que je voulais faire. Je fis aussi quelques films avec ma caméra 8mm.

 

[Q: RC] Vous avez participé au concours Tezuka quand vous étiez en 4ème année d'université. Qu'est-ce qui a permis cela?

[R: Tsukasa Hojo] Je passais du bon temps, mais j'accumulais les petits boulots pour pouvoir manger. Je fus invité à produire un magazine, et un des gars avec qui je travaillais mentionna le prix Tezuka, celui auquel mon ami de collège avait participé. Cela ne me sembla pas très tentant, jusqu'à ce que j'apprenne que le gagnant gagnait 1 million de yen! Imaginez! Si j'avais une telle somme d'argent, je n'aurais plus à perdre mon temps à travailler à mi-temps. Je me suis dit que tout ce que j'avais à faire pour gagner était de retoucher le travail que j'avais déjà accompli et le finir.

 

[Q: RC] Et vous êtes arrivé en demi-final. Est-ce que c'est à ce moment-là que vous avez finalement décidé de devenir mangaka?

[R: Tsukasa Hojo] Non (rires). J'ai utilisé les 20000 yen que j'avais gagnés pour acheter une caméra pour faire des films. Ensuite, j'ai utilisé les 36000 yen de la bourse annuelle accordée par Shonen Jump pour acheter des pellicules. Après avoir gagné et après avoir reçu la visite de l'éditeur à Fukuoka me proposant que nous fassions d'excellents manga ensemble, je suis resté froid. Je ne pensais pas que je pouvais faire le travail. Quand je reçus une invitation tous frais compris pour assister à la cérémonie de remise des prix, j'ai pris ça comme une occasion de visiter Tokyo gratuitement. Et quand les autres gagnants commencèrent à parler en utilisant tout ce jargon de manga et termes techniques, ils m'apparurent comme des aliens de l'espace.

 

[Q: RC] C'est là que votre relation en dent de scie avec l'éditeur de Jump commença?

[R: Tsukasa Hojo] Exact. Après être rentré à Fukuoka, j'ai rendu quelques ébauches de manga et terminé deux histoires entières avant d'être diplômé, en même temps que je faisais des films et d'autres choses à l'école. Je ne travaillais pas vraiment dans l'optique de faire une série pour Jump. C'était juste un autre moyen de manger. Alors que je travaillai sur la 2ème histoire et que j'aidai avec le festival culturel de l'école, j'ai attrapé la grippe et je suis resté couché, malade comme un chien. Je ne pouvais même pas bouger. Quand je fus enfin guéri, il ne restait que 3 jours avant la date-limite. J'appelai l'éditeur pour lui demander une extension, mais il refusa. "Je ne peux pas! Je vais vous donner le nom d'un mangaka local, alors finissez et à temps!" Tsugihrara Ryuji-sensei, qui travaillait déjà comme professionnel, et quelques amis m'aidèrent. On travailla dessus pendant 3 jours entiers sans pause ni sommeil. Quel calvaire! Mais, on finit à temps.

 

[Q: RC] Alors, vous avez découvert ce dont ce magazine pour élèves de primaire parlait vraiment sur les mangaka.

[R: Tsukasa Hojo] Sans blague. Quand mon éditeur me demanda d'écrire une autre ébauche, j'ai dû refuser parce que j'étais trop occupé à finir ma thèse de fin d'année. Après ça, un ami me demanda de l'aider avec un manga qu'il faisait et c'est à ce moment-là que j'ai sorti ma 3ème histoire.

 

[Q: RC] Et c'était Cat's Eye, votre premier grand succès et ce qui vous apporta une demande pour une série.

[R: Tsukasa Hojo] Je n'avais aucune intention de faire une série, mais mon éditeur ne me lâcha pas pour que je fasse une d'autres ébauches. Finalement, il m'appela et me dit que j'avais été choisi pour travailler sur une. Alors, je lui ai demandé: "Une quoi?". Il me répondit: "Une série. Cela a déjà été décidé." A ce moment-là, j'étais déjà diplômé et de retour à la maison à Kokura. Au lieu de faire des manga, j'étais en train de penser à une manière de travailler dans des films ou anime, en faisant des manga comme second boulot. En outre, j'étais trop lent pour produire une série. Quand je suis arrivé à Tokyo, j'ai découvert que l'éditeur s'était occupé des formalités de son travail et lui avait trouvé un endroit où vivre. Avant que je puisse réaliser ce qui se passait, je travaillais comme mangaka et j'étais payé.

 

[Q: RC] Wow. Juste comme ça, hein? Oups, on est à court de temps. On va devoir réserver le reste pour le mois prochain.

 

 

 

 

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